J'avais oublié que je me souvenais de tout. Le bleu si profond de la mer, les palmiers, les lauriers roses, le chant des cigales, les avions publicitaires qui passent au-dessus des plages. Tout m'est revenu quand nous approchions. Je me suis rappelée l'attente, enfant, du moment où j'apercevrais enfin la mer par la vitre de la voiture.

J'avais oublié pendant 11 ans combien j'aimais cet endroit, que je m'y sentais chez moi.

J'avais oublié combien j'aimais cette mer, plus que l'océan, et combien elle me donnait envie de faire de la plongée.

J'ai marché sur les pas de l'enfant et de l'adolescente que j'avais été dans la ville de mes vacances.

Quelques restaurants et commerces ont été remplacés, quelques immeubles sont sortis de terre. Mais le glacier est toujours là, le marchand de jouets de plage à côté de "notre" plage aussi. J'avais oublié que le sable y était si doux et l'eau si claire.

J'étais à la fois heureuse et un peu triste. Triste de n'être que de passage pour quelques heures, de ne pas pouvoir suivre tous les chemins que j'avais emprunté enfant. Heureuse de revenir là avec ma famille.

Avant, je me disais que j'aimais cet endroit mais qu'il n'y avait pas de quoi en faire un plat de ce coin. J'avais oublié que, même si bétonné, il avait une âme par rapport aux autres villes alentours et une taille plus humaine qui le rend praticable à pied. 

J'avais oublié combien j'aimais cet endroit, tu vois, et peut-être qu'au passage j'avais oublié une petite part de qui j'étais...